Briançon, Vauban et son empreinte

Pour ce livre d'images, Bertrand Bodin a provoqué le hasard et multiplié les rendez-vous avec des lumières complices. Le photographe revisite les décors, fait ressurgir des détails oubliés et donne à l'oeuvre de Vauban des tonalités inattendues.

VAUBAN. Le nom nous est familier. Pas une ville qui n'ait son avenue, pas une place forte qui n'éveille notre mémoire. Le maréchal est plus évocateur que bon nombre de rois de France tombés dans l'oubli.

Familier et pourtant... méconnu, Sébastien Le Prestre se dissimule derrière l'oeuvre magistrale de Vauban. Homme multiple, inventif et inspiré, il est à la fois serviteur dévoué et esprit libre. En feuilletant l'album de sa vie, on découvre un XVIIe siècle étonnant où la flamboyance du Roi-Soleil côtoie la misère et la faim. Dans une Europe embrasée par les ambitions, la guerre est un art majeur, avec ses codes et ses usages. Pas d'arme de destruction massive. Pas encore de terrorisme aveugle. On assiégeait, on prenait ou l'on perdait des places fortes érigées le long de frontières capricieuses. Dans ce jeu d'échecs surdimensionné, les fortifications de Vauban flirtèrent avec la perfection. Briancon, place forte de montagne avec son système défensif, en est une parfaite illustration.

Alors que l'on célèbre en 2007 le tricentenaire de sa mort, Vauban fédère toujours les énergies. Dans cet ouvrage, l'oeil du photographe propose une lecture insolite de l'Histoire. Insolite mais pas fantaisiste, cette «suggestion» est cautionnée par l'historienne Isabelle Fouilloy-Jullien. La dynamique conservatrice du Patrimoine de Briancon collabore également avec le Réseau des Sites Majeurs de Vauban. Ce réseau qui lie Briancon à treize autres sites - dont Arras, Besançon ou encore Mont-Dauphin -, illustre toutes les facettes architecturales de l'oeuvre du grand ingénieur. Un ensemble exceptionnel qui compte parmi les chefs-d'oeuvre de l'humanité et qui a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.